| Tribune Juillet 2021

Tribune Juillet 2021

Par Patrick Rasandi, Formateur Coach, Fondateur d’IPRH Consultants, coach certifié, membre du Bureau du Syndicat des Métiers du Coaching

N’oublions pas nos jeunes ! Formons-les pour stimuler la reprise !

Avant même la pandémie, les lacunes dans l’éducation et la formation des jeunes générations étaient source de préoccupations. Selon les termes de l’UNICEF, le Covid-19 a « exacerbé cette crise de l’apprentissage » et un enfant sur sept à travers le monde a manque plus des trois quart de sa scolarité en présentiel.

Les répercussions de cet état de fait sont considérables tant sur le développement personnel des jeunes que sur leur capacité d’acquisition de nouvelles compétences, mais également par extension sur la main d’œuvre mondiale et l’économie.

Il n’est donc guère étonnant que de nombreuses voix tirent la sonnette d’alarme concernant les dangers qui menacent cette génération et les conséquences que cela implique pour tout le monde.

Des compétences de nouvelle nature

Pour chacun d’entre nous, les événements de l’an passé ont constitué une rude période que ce soit pour continuer de saisir des opportunités inédites malgré le contexte ou tout simplement pour survivre. Les entreprises ont dû accélérer leurs prises de décisions afin de s’adapter à l’évolution rapide de la situation.

Une compétence cruciale à cet égard a été la capacité de lire et comprendre les données, du chef d’entreprise au nouveau diplômé récemment recruté. Cette tendance est appelée à durer à mesure que les entreprises répondent aux changements à long terme dans les pratiques de travail et le comportement des consommateurs. La nouvelle génération qui arrive sur le marché du travail doit être en mesure de maîtriser cette nouvelle compétence.

Elle doit démontrer sa capacité d’adaptation à ces changements en interprétant les informations et en prenant les décisions qui s’imposent promptement.

Sans l’acquisition de cette compétence, elle sera une entrave à la reprise des entreprises et à leur résilience pour s’adapter aux crises futures.

Pour y remédier, il est indispensable de revoir les trajectoires de formation pour fournir les compétences nécessaires en matière de données.

La responsabilité de tous

Si naturellement, pour pallier ce manque, le réflexe est de se tourner vers le système éducatif, la montée en compétences des salariés de demain est la responsabilité des établissements d’enseignement, mais également des entreprises et des pouvoirs publics.

Dans certains établissements d’enseignement supérieur, les étudiants sont formés à des compétences transférables au mieux seulement a posteriori ou en marge du cursus universitaire. Cependant, un nombre croissant de facultés et de grandes écoles prennent conscience qu’elles ont un rôle à remplir pour mieux préparer les étudiants au monde de travail.

Il s’agit aussi d’intégrer de nouvelles compétences numériques dans les cours existants. Nul besoin de procéder à une refonte totale de ces derniers. À l’instar des cursus en anglais proposé par de nombreuses écoles, l’ajout de compétences en matière de données dans le cursus de base (et non uniquement dans les filières techniques) préparera les futurs diplômés à leur entrée sur le marché du travail. Les élèves apprendront ainsi à identifier, appliquer et interpréter les résultats produits par des techniques d’analyse de façon à guider leurs actions et prises de décisions.

Mais tout ne repose pas exclusivement sur le système éducatif. L’un des inconvénients de l’apprentissage institutionnel réside dans le fait que les programmes et les cours prennent souvent de nombreuses années avant d’aboutir à une forme élaborée. Si cela ne pose pas de problèmes pour des matières générales et fondamentales telles que les mathématiques et les langues, dans le domaine d’une formation professionnelle, cela peut constituer un obstacle au développement de compétences pertinentes et immédiatement exploitables au travail.

Ce sont donc les entreprises qui doivent combler ce manque en améliorant les compétences de leurs jeunes salariés dans le domaine des données et des technologies. Une formation sur le lieu de travail, conjuguant l’excellence de l’apprentissage académique et des mises en situations réelles est une réponse concrète à ce besoin d’efficacité et de réactivité.

Grâce à la combinaison de connaissances théoriques et d’applications pratiques, les jeunes pourront se familiariser avec les types d’informations qu’ils seront amenés à rencontrer dans le cadre professionnel.

Armer les générations futures

Chaque jeune a droit à un parcours professionnel structurant. Dans un monde de plus en plus centré sur les données, tous devraient pouvoir accéder à l’enseignement de compétences adéquates et ainsi bénéficier de ce droit auquel a fait obstacle la crise de l’apprentissage provoquée par la pandémie. Face à cette évolution, l’éducation qu’ils reçoivent, que ce soit dans des établissements d’enseignement ou sur le lieu de travail, doit évoluer au rythme des avancées technologiques et de la prise de décision en entreprise.

Pour accélérer la reprise, le monde du travail a besoin de collaborateurs talentueux capables d’analyser les données, de comprendre rapidement des informations, de s’adapter à des situations changeantes et de saisir les opportunités à mesure qu’elles se présentent. Même si la sortie de la pandémie demandera des efforts sur de nombreux plans, les pays qui doteront leurs jeunes des compétences appropriées pour l’entreprise moderne jetteront les bases de la productivité et de la croissance économique future.