| Tribune Mars 2021

Tribune Mars 2021

Par Patrick Rasandi, Formateur Coach, Fondateur d’IPRH Consultants, coach certifié, membre du Bureau du Syndicat des Métiers du Coaching

Interview de Patrick Rasandi par Keljob-XYZ, site de recrutement spécialisé

Quelles sont les attentes de la génération Z vis à vis de l’entreprise ?

Une entité ultra-connectée, capable de générer du lien social réel, mais aussi une entité libérée, avec un leader bienveillant dont l’autorité repose sur la compétence et non sur le grade hiérarchique. La frontière entre vie personnelle et vie professionnelle étant de plus en plus floue, cette génération veut s’épanouir au sein d’une entité « cocooning » mêlant travail et plaisir. De même, elle espère une structure collaborative mais aussi affective, les Z étant fidèles non pas à l’entreprise, mais à leur équipe. Enfin, elle souhaite une entité co-créatrice pour se réaliser au travers de projets créatifs et entrepreneuriaux

Ont-ils vraiment une âme d’entrepreneur, comme on l’entend souvent ?

Notre étude** révèle que l’ambition de cette génération à dix ans est la recherche d’équilibre vie pro/vie privée (64 %). Seuls 20 % envisagent de créer leur société. Le travail n’est plus le centre de leur existence. Par ailleurs, fortement épris de liberté, les Z ouvrent la voie de l’innovation et de la co-création à l’intérieur même de l’entreprise dont ils attendent d’être acteurs.

Cette génération est-elle capable de refuser un poste si l’entreprise n’est pas en accord avec ses valeurs ? 

Oui, c’est exact. Intransigeante sur ce point, cette génération attend un engagement éthique de l’entreprise, une exemplarité de l’employeur et des collaborateurs. Par ailleurs, les Z ont un très fort sentiment d’utilité sociale. Surfant sur cette tendance, l’association vendredi z propose des offres de stages basées sur le principe « 4 jours en entreprise, 1 jour en association » qui séduit énormément les jeunes.

En matière de recrutement, comment la capter ?

En adoptant un recrutement à la fois agile, mobile, digital et humain, et en tenant compte des progrès permis par l’intelligence artificielle. Le smartphone fait partie intégrante de la vie des Z qui vivent à l’ère de la vidéo, et l’envoi du CV vidéo via smartphone est promis à un bel avenir. Par ailleurs, le glissement du mail vers la messagerie instantanée laisse entrevoir un recrutement en temps réel, facilité par les chatbots. Le Crédit Mutuel Nord Europe a, par exemple, sorti SoCMNE Jobs, une application maison dédiée au recrutement des plus jeunes. De même, JobAroundMe ou JobToday promettent des offres d’emploi s’adaptant aux trajets quotidiens via un système de messagerie instantanée… Cela étant, si la génération Z est ultra-connectée, elle est également centrée sur le côté humain. Les entreprises qui survivront seront celles qui accepteront de remettre en cause les codes établis en jouant sur les leviers motivationnels des Z.

Quels sont ces leviers émotionnels ?

Les Z seront davantage fidèles à leur équipe qu’à leur travail ou à leur entreprise. Notre étude** le montre : la bonne ambiance est le premier critère incitant le Z à rester dans l’entreprise. Le salaire n’arrive qu’en 5ème position.