Comment parler de paix dans le monde, quand on est plus capable de s’écouter dans l’entreprise ?
Par Patrick Rasandi, Fondateur d’IPRH Consultants, Formateur, coach certifié, membre du Bureau du Syndicat des Métiers du Coaching.
La grande contradiction de notre époque, ère de communication, d’information et d’interactions sur des réseaux dits sociaux, est notre incapacité de plus en plus flagrante à dialoguer, à s’écouter et à se comprendre. C’est particulièrement vrai en entreprise, où la réunion n’est plus un espace d’écoute et d’intérêt porté aux autres, mais un lieu de déclaration où chacun vient au mieux faire acte de présence, et le plus souvent justifier ses positions ou son existence au travail.
Écouter est une action volontaire qui consiste à prêter attention à un bruit, à un son, à la parole d’une personne afin de l’entendre, de chercher à la comprendre.
Dans un monde de plus en plus fait de bruit et de dispersion, on en est venu à inventer le principe de l’écoute active pour évoquer l’attention réelle et participative à porter à un interlocuteur, comme si l’écoute était devenue une option dont nous ne serions pas, ou plus, tous dotés.
Cette capacité d’écoute permettant de se projeter dans l’univers d’un interlocuteur est devenue rare, tellement tout semble nous empêcher d’être attentif aux autres.
En réunion, qui n’a pas son ordinateur portable ouvert devant lui, officiellement pour prendre des notes ? Il s’agit en réalité, le plus souvent, de profiter de ce moment où on est posé pour parcourir, lire ou traiter des dizaines, ou plus, de mails qui s’accumulent et qui attendent des réponses pressantes, parfois même de la part de personnes également présentes à la réunion.
Être physiquement présent, mais cérébralement absent
La multiplication des canaux de communication, et leur instantanéité, nous accapare ou nous distrait, empêchant de maintenir une attention portée à un orateur plus de quelques minutes, voire secondes, rendant impossible toute concentration sur un sujet, une explication, un échange complexe.
C’est aussi un ou plusieurs smartphones qui peuvent être activés pendant une réunion, pour répondre ici à une messagerie, là à un SMS, ou pour poster une publication ou interagir sur un réseau social interne ou externe à l’entreprise.
Qui peut mener de front 3, 4, 5 conversations simultanément et écouter, réfléchir et participer sérieusement à un échange durant une réunion ? Comment un cerveau peut-il dans ces conditions analyser toute la complexité d’un raisonnement et y réagir en totale capacité ?
En réunion, l’écoute semble ne plus exister. Personne ne vient plus pour interagir, apprendre, ou partager. Chacun vient seulement avec ce qu’il a à dire, ou pour reformuler ce qui a déjà été dit, s’il n’a rien à dire, mais ressent le besoin d’exister au sein du groupe.
On ne cherche plus l’intelligence chez les autres, ni à être intelligent soi-même
Quand il y a un semblant d’échange, l’absence d’écoute est flagrante. Au lieu de réfléchir collectivement, au lieu d’argumenter, d’évoluer avec l’angle ou le point de vue des autres, on reste bloqué sur ses positions pour garder le fil de ce qu’on a à dire. Il n’y a alors plus de conversation, mais un millefeuille de paroles.
Comme dans les débats télévisés, on ne cherche plus l’intelligence chez les autres, ni à être intelligent soi-même. On cherche à être fort, le plus fort, ce qui suppose d’être le détenteur de la vérité, de sa propre vérité souvent, qu’on tente d’imposer aux autres. Une vérité reposant parfois sur des croyances, des certitudes et une opinion davantage forgée par l’entre-soi sur les réseaux sociaux que par l’ouverture aux autres, des données, des faits établis et une réflexion qui en découlerait.
Tout sentiment de honte tend même à disparaître, légitimant d’affirmer sans savoir, voire justifiant de mentir. L’humilité laissant place à l’agressivité, la capacité de mobiliser son cerveau laissant place à la manipulation du cerveau des autres.
La violence et la force, ce sont des poisons dans l’entreprise.
La force ou la manipulation, au mieux, la contrainte, la domination, la menace, l’intimidation, la pression, le chantage au pire, voilà tout ce qui constitue, de plus en plus, l’environnement des interactions sociales aujourd’hui. Et même si le contexte professionnel oblige fréquemment, encore, à un peu de retenue, il n’est pas, plus, épargné par cette violence latente qui progresse dans la société, nous envahit et nous nuit.
La perte de la jouissance de l’échange, de la confrontation des idées, du débat, c’est la perte du goût de la démocratie. On ne veut plus respecter les règles communes, mais imposer ses propres règles. La violence et la force, ce sont des poisons dans l’entreprise.
Difficile d’être optimiste pour entrevoir des chances d’harmonie entre les personnes, notamment dans l’entreprise, ou de paix sur terre, si l’art du compromis et de la négociation devait laisser place à l’ère de la suprématie du Moi contre le reste du monde.
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ARTICLE BONUS DE L’EQUIPE IPRH ET DE SES 2 PARTENAIRES
5 conseils pour se faire très tôt repérer par un chasseur de têtes
Ne pas attendre d’avoir besoin d’être repéré par un chasseur de têtes
Ce n’est pas une fois sur la sellette (voire en recherche d’emploi), que vous devez vous rapprocher d’un chasseur de tête. Ce serait trop tard.
Demandez à vos amis et proches, le nom de leurs chasseurs de tête référents afin de vous constituer le plus tôt possible un groupe de 10/12 chasseurs de têtes que vous tiendrez régulièrement informés de votre évolution professionnelle.
« Ne perdez pas de vue que les chasseurs de tête ont besoin de vivre. Leur confier un mandat de recherche si vous en avez le pouvoir, peut être judicieux pour qu’ils pensent à vous le moment venu », confie l’un d’entre eux sous couvert d’anonymat.
« Un client qui m’a fait travailler, le jour où il met le nez à la fenêtre, je le reçois, je le conseille, je lui donne des contacts… le cabinet lui est redevable », illustre Laurent Marignan, chasseur de tête du cabinet Marignan Consulting.
Notre conseil IPRH : prenez les devants. Listez-vous quelques chasseurs de tête spécialisés dans votre domaine de compétence et contactez-les.
Faire parler de soi positivement dans les bons cercles
- Répondez à des interviews dans la presse professionnelle, proposez des tribunes, participez activement à des tables rondes…
- Prenez des responsabilités dans des organismes patronaux du type Medef, CPME, fédérations professionnelles, etc.
- Posez votre candidature pour des récompenses professionnelles dans votre fonction ou secteur. Laurent va même plus loin : « Demandez à ce que l’on postule pour vous à l’Ordre national du mérite ou de la Légion d’honneur. Le jour de la cérémonie, faites en sorte de vous faire remettre l’insigne par quelqu’un de connu. Ça pose un dirigeant ».
- Si vous en avez les moyens, faites du mécénat pour l’AROP, la société des Amis du Musée du Louvre, la société des Amis du musée national d’art moderne Centre Pompidou, etc. « Les cocktails organisés donnent toujours lieu à de belles photos dans la presse », ajoute-t-il.
Travailler sa visibilité
1/ Vérifiez que vos informations professionnelles sont à jour
Tous les chasseurs de têtes entretiennent d’étroites relations avec les associations des anciens des grandes écoles et universités. Donc informez-les régulièrement de vos changements. Ces informations peuvent être reprises dans de nombreux médias.
2/ Sur les réseaux sociaux, poster avec parcimonie
Avec les responsabilités qui leur incombent, certains s’interrogent peut-être encore sur le bien-fondé de leur présence sur les réseaux sociaux en ligne. Erreur. Désormais tous les chasseurs de têtes consultent les profils des cadres dirigeants. Inutile de faire des posts au kilomètre ou d’avoir un énorme vivier de contacts pour être repéré. Au contraire. Cela signifie que le candidat est très en demande et peut-être pas très occupé. Mieux vaut donc publier avec parcimonie.
3/ Savoir formuler sa singularité
Par exemple, si vous avez participé au retournement ou redressement d’une entreprise, à une introduction en bourse, à une cession…mais aussi la taille des entreprises et des équipes managers et les pays ou zones couverts.
Cette singularité peut servir de déclencheur pour qu’un chasseur de tête ait envie de vous rencontrer pour en savoir plus sur le secteur, l’entreprise en question… Si vous savez être généreux en informations, le chasseur de tête le sera aussi. Sans vous proposer un poste, il ne manquera pas de vous ouvrir son carnet d’adresses.
Katia Rosenfelder, associée, directrice de la practice DG du cabinet d’outplacement Oasys Dirigeants
4/ Travailler votre référencement sur les moteurs de recherche
Car les actionnaires (donc ceux qui actent l’embauche… ou pas) ne manqueront pas de vous googleliser.
Si parmi les 10 premières occurrences, il y a des informations négatives sur le candidat, c’est mal parti. Mais le candidat peut tout à fait faire supprimer du contenu obsolète sur Google, voire faire jouer le droit à l’oubli. Laurent Marignan
Envoyez des candidatures spontanées pour se faire connaître
Envoyez votre CV (à jour) au cabinet de chasse de têtes mais n’en attendez pas forcément à une réponse.
Les rendez-vous de courtoisie, autrement appelés rendez-vous exploratoires sont rares mais possibles si le chasseur de têtes a besoin d’informations sur un secteur, si le cadre dirigeant – DRH et DG – peut être apporteur d’affaires ou si le candidat est fortement recommandé. L’équipe IPRH
Au pire, vous ne serez pas reçu mais ils intégreront votre candidature dans leur base de données.
Contactez également des investisseurs qui vont avoir besoin de recruter de nouveaux cadres dirigeants. Sur le site WhoGotfunded, vous trouverez toutes les sociétés en cours de recapitalisation avec le nom des investisseurs. Postulez directement auprès de ces derniers car ne perdez pas de vue que ce sont les actionnaires qui valident les candidats à ces fonctions. Laurent Marignan.
On le voit, se faire repérer par un chasseur de tête est un travail de longue haleine relativement chronophage.
Cela représente entre 10 et 15 % du temps de travail d’un cadre dirigeant. L’équipe IPRH
Faites-leur savoir que vous recherchez un mandat dans un conseil d’administration
Avec la professionnalisation des conseils d’administration, les cabinets de chasse ont élargi leur palette de recrutement. Désormais, ils sont également mandatés pour staffer les boards.
Si le dirigeant vise une place dans un conseil d’administration qu’il s’en ouvre au cabinet surtout s’il est qualifié sur des sujets stratégiques comme le digital ou la RSE.
Katia Rosenfelder, directrice associée au sein du cabinet Oasys Dirigeants
Pour évoquer cette recherche de mandat au sein d’un CA, envoyez un mail aux chasseurs de tête actifs sur ce créneau.
Exemple de lettre pour informer un cabinet que vous êtes candidat à un mandat dans un conseil d’administration :
« je suis très bien dans mon entreprise mais je me tourne vers vous pour vous partager ma parfaite connaissance des sujets (RSE, digital…) et vous informer que je suis ouvert à une place dans un conseil d’administration. «
Vous pouvez également formuler cette information sur vos profils en ligne.