La légende du colibri veut que lors d’un immense feu de forêt, seul un colibri agit pour contribuer à l’éteindre en transportant d’infimes gouttes d’eau avec son bec, alors que les autres animaux observent impuissants le désastre. Ce récit est très utilisé pour montrer que le changement ne peut venir que de l’action de chacun, aussi infime soit-elle.

Le colibri, un oiseau fascinant dont l’organisme est doué de performances exceptionnelles… P’tit clin d’œil à la création ! Si la fréquence cardiaque du dindon est d’environ 90 battements par minute, celle du colibri s’élève à environ 250 au repos et jusqu’à plus de 1200 en vol. Il est capable de battre des ailes 200 fois par seconde, contre environ 12 à 15 battements par seconde pour la mésange. De plus, le colibri est capable de battre des ailes de haut en bas, mais aussi de bas en haut ce qui lui permet de reculer : il est le seul volatile à posséder une telle aptitude. On comprend donc que ce petit oiseau interpelle en raison de ses performances (qui se traduisent toutefois par une durée de vie courte d’environ un an, contre 5 à 8 ans pour la mésange).

« Ce qui compte, c’est de participer »

La version classique de la légende du colibri montre que quelle que soit l’action que l’on entreprend, l’important est de participer même si notre rôle paraît dérisoire. Il s’agit donc d’un hymne à l’engagement qui se rapproche des propos de Jean Boissonnat : « Si l’on veut que les choses changent par en haut, on attendra longtemps ou on y perdra notre liberté. Si on veut qu’elles changent par en bas, il faut construire et diffuser une culture de la responsabilité ». L’hymne à l’engagement se rapproche aussi de la belle phrase de Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». L’engagement de chacun ne doit pas être ébranlé devant le constat de ses conséquences mesurées, mais doit être amplifié par la prise de conscience qu’il est le principal levier de changement.

Symbole d’optimisme

Notre colibri, qui participe même s’il a conscience que son action est mesurée, est aussi un symbole d’optimisme, de générosité et de courage. Il ne cherche pas à mesurer l’impact de son action : il agit. Les travaux de Martin Seligman sur l’optimisme vont dans ce sens : les commerciaux les plus optimistes, qui agissent sans se poser de question, sont aussi plus performants. Cela fait également écho aux propos de Jacqueline de Romilly : « L’optimisme permet de transformer les soucis en défis. Les soucis nous accablent. Les défis, on a envie de les relever ». Quand Jacqueline de Romilly, pratiquement aveugle, entreprend d’écrire un livre, on est assez proche de l’optimisme du colibri.

Le colibri n’agit pas pour son intérêt personnel, il prend des risques majeurs pour autrui, devenant ainsi un puissant symbole de générosité. Ce petit oiseau est aussi un modèle de courage car, en allant porter ses gouttelettes d’eau sur le feu, il risque à chaque fois de se brûler et de périr. Cela n’est pas sans rappeler l’engagement de certaines personnes qui agissent en prenant des risques pour leur vie, parfois pour permettre à un idéal de liberté de survivre, parfois pour sauver d’autres vies. Sans oublier d’autres personnes qui consacrent bénévolement une grande partie de leur vie à partager des pensées spirituelles et positives quant à l’avenir.

Effet d’entraînement

Enfin, il est légitime de penser que le colibri va entraîner dans son mouvement d’autres animaux dont certains auront probablement des capacités plus importantes et amplifieront son impact. Il sera en quelque sorte le déclencheur d’un mouvement plus vaste, dynamique fort bien illustrée par Johann Wolfgang von Goethe « Tant que vous ne vous êtes pas engagé, persistent l’hésitation, la possibilité de se retirer, et toujours aussi, dès qu’il s’agit d’initiative ou de création, une certaine inefficacité.

Il y a une vérité élémentaire dont l’ignorance a déjà miné nombre de grandes idées et de plans merveilleux : c’est que, dès l’instant où vous vous engagez, la providence intervient elle aussi. Toute une série d’événements jaillissent de la décision, comme pour l’appuyer par toutes sortes d’incidents imprévus, de rencontres et de secours matériels, dont vous n’auriez jamais rêvé qu’ils puissent survenir. Quoi que vous puissiez faire, quoi que vous rêviez de faire, entreprenez-le. L’audace donne du génie, de la puissance, de la confiance en soi ».

En conclusion

En prenant part à une mission importante – éteindre un incendie en transportant d’infimes gouttes d’eau – le colibri porte en lui l’optimisme, la générosité et le courage propres à ceux qui s’engagent. Il va aussi déclencher l’engagement d’autres, susceptibles de l’aider à réussir sa mission. Concrètement, il agit pour le bien d’autrui, donne envie à d’autres d’en faire autant et s’avère donc être un beau symbole de bienveillance et d’optimisme.